ACTEURS PUBLICS 29 SEPT. 2017, PAR BASTIEN SCORDIA
Les organisations syndicales du secteur public rejettent unanimement les annonces du Premier ministre, Édouard Philippe, sur le plan “Action publique 2022”, et notamment la création d’un comité chargé de réfléchir à des réformes pour le service public, dont elles sont exclues.
Le gouvernement aura toutes les peines du monde à faire passer la pilule du plan “Action publique 2022” chez les syndicats de fonctionnaires. Nombre d’entre eux ont ainsi exprimé leur colère suite à la publication, jeudi 28 septembre, d’une lettre d’Édouard Philippe à ses ministres, où le chef du gouvernement détaille le calendrier et assume les objectifs budgétaires de la réforme de l’État.
Dans ce courrier, le Premier ministre annonce notamment qu’un comité composé de personnalités étrangères et de chefs d’entreprise sera créé pour réfléchir à des réformes et à des économies dans le secteur public. “Ce comité, dont l’objet est de poursuivre la réduction des dépenses publiques en réfléchissant à la suppression de missions et/ou leur externalisation, et qui va légitimer ses choix en s’appuyant sur une prétendue consultation directe des agents et des citoyens est inacceptable”, tonne Christian Grolier, secrétaire général de la Fédération générale des fonctionnaires (FO).
“Simulacre” de concertation
C’est en effet la concomitance de la présentation de ce comité et de la préparation de la consultation sur les missions de service public dans le cadre du “Grand forum de l’action publique” – à laquelle Christian Grolier fait allusion ci-dessus – qui pose problème aux organisations syndicales du secteur public.
“Nous constatons que contrairement à ce qui nous a été indiqué, le « Grand Forum de l’Action publique » est complètement partie prenante du comité Action publique 2022, estime Jean-Marc Canon, secrétaire général de l’Union fédérale des syndicats de l’État (CGT). Nous ne cautionnerons pas un simulacre de concertation visant avant tout à accompagner des mesures que nous contestons et combattons.” “C’est une mascarade, la consultation était biaisée depuis le départ et les questions qui sont posées dans la consultation induisent forcément des réponses qui vont à l’encontre de la protection des services publics”, renchérit Denis-Turbet Delof, délégué Fonction publique chez Solidaires.
“Quelle sera donc la place du dialogue social dans le dispositif « Action publique 2022 » ?” interroge pour sa part la secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques, Mylène Jacquot. C’est la question que tous les représentants du personnel se posent aujourd’hui. “Tous les organes du dialogue social doivent être consultés pour qu’il y ait une véritable démarche de concertation sur ce que pourraient être les missions du service public”, affirme Luc Farré, secrétaire général de l’Unsa Fonction publique.
Réunion reportée
Dans un courrier adressé jeudi 28 septembre au ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmain, les 9 organisations syndicales du secteur public demandent unanimement le report d’une nouvelle réunion, prévue lundi 2 octobre, pour discuter des modalités d’organisation du “Grand forum de l’action publique”.
Dans cette lettre, elles qualifient de “prioritaire” la journée de grève et de mobilisation prévue le 10 octobre prochain, soit le jour même du rendez-vous salarial où devrait être acté le scénario de compensation de la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) pour les fonctionnaires. Une requête qui a finalement porté ses fruits, le directeur général de l’administration et de la fonction publique (DGAFP), Thierry Le Goff, a annoncé, vendredi 29 septembre, le report “à une date ultérieure” de cette réunion.
“Mais l’annonce du comité Action publique 2022 a aussi pesé dans la balance, nous n’allions pas discuter avec le ministère comme si de rien n’était. Le gouvernement ne cesse d’afficher son mépris à l’égard du secteur public comme si la fonction publique était l’ennemi numéro 1 actuel”, estime Denis Turbet-Delof (Solidaires)
Les représentants du personnel sont donc remontés à bloc et comptent bien se servir des annonces sur le comité “Action publique 2022” pour ratisser large le 10 octobre prochain. “C’est une raison de plus pour se mobiliser massivement”, estime Jean-Marc Canon (CGT). “Les orientations de la circulaire du Premier ministre vont accentuer le mécontentement des agents et faire grossir la mobilisation”, pronostique pour sa part Christian Grolier (FO).