Jean-Bernard Gervais
MEDSCAPE 15 novembre 2017
Dr Max-André Doppia
Paris, France De manière tout a fait brutale et subite, le Dr Max-André Doppia, 64 ans, président de lintersyndicale Avenir hospitalier, est décédé ce 13 novembre, des suites dun accident vasculaire cérébral survenu en fin de semaine dernière. Anesthésiste-réanimateur au CHU de Caen, par ailleurs vice-président de Action praticien hôpital, et membre du CFAR et de la SFAR, Max-André Doppia avait fait ses études de médecine à lAP-HP, au Kremlin-Bicêtre. Il avait présenté sa thèse en 1983 et avait ensuite réussi le concours de praticien hospitalier en 1985. La même année, il avait adhéré au syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs (SNPHAR) créé en 1984, qui devait devenir, sous son impulsion, le SNPHAR élargi (SNPHAR-E) en 2009, afin daccueillir des praticiens hospitaliers de toutes spécialités.
Dénonciation de la souffrance au travail des médecins
Max-André Doppia sétait particulièrement investi dans la dénonciation de la souffrance au travail des médecins. En 2007-2008, il avait piloté, avec le Dr Madelyne Estryn-Behar, lenquête de santé et satisfaction au travail des médecins au travail (Sesmat), qui faisait suite à lenquête PRESST-NEXT de 2003-2004 consacré aux soignants. Déjà, les résultats de cette enquête faisaient apparaitre chez les médecins un risque de burn-out dû à lépuisement professionnel, les relations tendues avec ladministration, la violence de la vie hospitalière.
A lorigine de la création dAvenir Hospitalier
Max-André Doppia, en compagnie de Nicole Smolski, mais aussi de Michel Dru, avait été à lorigine de la création dAvenir Hospitalier en 2011, après que le SNPHAR-E a été exclu de lINPH, une intersyndicale dont il était membre fondateur. Réunion de trois syndicats (SNPHAR-E, Syngof, SMH), Avenir hospitalier a également accueilli le SNGC en 2014, Samu Urgences de France en 2015, le SJBM en 2017.
En 2015, Avenir hospitalier se rapprochait de lintersyndicale CPH, et créait ensemble une nouvelle intersyndicale Action praticiens hôpital. Max-André Doppia devenait par ailleurs vice-président dAction praticiens hôpital, et président dAvenir hospitalier en 2016.
Initiateur, cette année, de la campagne « Dis Doc, tas ton doc ? »
Constant dans ses engagements, Max-André Doppia avait participé à de nombreux projets, actions, publications ayant trait à la souffrance au travail. En 2015, il avait créé lobservatoire de la souffrance au travail des praticiens hospitaliers, avec le SNPHAR-E. La même année, il avait également participé au pilotage du Rapport qui pique, une vaste enquête sur la souffrance au travail des praticiens hospitaliers, et plus largement au mal-être hospitalier. Il était aussi linitiateur, plus récemment en 2017, de la campagne « Dis Doc, tas ton doc ? », afin dinciter les médecins à se faire suivre par un médecin traitant (nous lavions interviewé à cette occasion, voir article). Enfin, il devait présenter le 16 novembre « lObservatoire de la Souffrance Au Travail des PH : un nouveau service intersyndical d’APH, à la disposition des praticiens hospitaliers ».
Engagement, disponibilité, enthousiasme
À peine son décès connu, des hommages de lensemble du monde hospitalier lui étaient rendus. « Personnalité éminente et reconnue du syndicalisme médical, il aura marqué chacun de ses interlocuteurs de son engagement, de sa disponibilité, de son enthousiasme, de son travail incessant auprès des valeurs qui le caractérisaient et rassemblent le SNPHAR-E », écrivait Nicole Smolski, au nom du SNPHAR-E. « Depuis de nombreuses années, Max était très investi dans de nombreux sujets professionnels et syndicaux hospitaliers où sa passion et son enthousiasme faisaient merveille, et en étaient le moteur », témoignait Jacques Trévidic, président de la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH). Sur Twitter, le Syndicat des managers publics de santé (SMPS) reconnaissait en Max-André Doppia « un professionnel et syndicaliste passionné, ouvert et constructif ». LIsnar-IMG, le SNIA, le SPH faisaient également part de leur émotion sur le réseau de micro-blogging. Quant à Max, son dernier tweet, daté du 5 novembre dernier, était consacré à défendre les salles de garde, en butte à l’hostilité de l’administration.
Adieu, Max.
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