Le SMPF (F. Staroz, M. Guiu) était présent et est intervenu lors de l’audition publique organisée par MM Claeys et Vialatte, députés, rapporteurs de l’OPECST (Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques), le 25 juin 2012 à l’Assemblée nationale, sur le thème « médecine personnalisée : enjeux éthiques et sociétaux ».
Voici la position du syndicat sur ce sujet essentiel pour la spécialité. Diffusez-là dans votre région avec la déclaration de Madrid de l’UEMS consultable sur le site.
L’organisation et l’articulation des métiers du diagnostic en cancérologie sont devenues des questions centrales pour le développement de la médecine personnalisée.
Avant d’être traité, le cancer doit être diagnostiqué : C’est la mission d’une spécialité médicale peu connue mais irremplaçable : l’anatomie cytologie pathologique (ACP). Le médecin pathologiste assure le diagnostic du cancer, en détermine les éléments pronostiques et prédictifs d’évolution ou de réponse au traitement. L’ACP a, ainsi et depuis longtemps, ouvert la voie à la médecine «personnalisée».
Ce diagnostic ACP est la seule protection médico-légale apportant une certitude diagnostique. Engager des traitements lourds et coûteux à partir de prélèvements cellulaires sans contrôle morphologique expose à de graves dérapages.
Même si les anciennes classifications sont devenues insuffisantes, les éventuelles analyses moléculaires viennent en complément et ne les remplacent pas. Elles sont réalisées à partir de prélèvements tissulaires confiés au pathologiste pour le diagnostic. Il en a la responsabilité et la gestion. Le génotypage tumoral nécessite des conditions de conservations précises et une expertise dans le repérage morphologique de la zone lésionnelle sur des fragments de plus en plus petits. Là encore, le pathologiste est incontournable.
Dans le cadre du soin, la réalisation des tests de pathologie moléculaire (génotypage) est amenée à s’industrialiser en s’automatisant avec la mise à disposition de kits élaborés par les industriels du diagnostic in vitro. Elle dépendra de moins en moins d’une accréditation spécifique comme celle réservée aujourd’hui aux plates formes (INCa).
Aujourd’hui, se pose la question de savoir comment doit se faire l’intégration des multiples données issues du patient et de sa pathologie. Le concept de «pathologie intégrative » permet de fournir, dans un unique CR anatomopathologique, un diagnostic cancérologique synthétique. Ce CR regrouperait – dans une synthèse structurée, informatisée, transmissible, requettable et assurant la traçabilité – les données du patient (identifiant, correspondants), les éléments cliniques, et l’ensemble des examens macroscopique, histologique, immunohistochimique et moléculaire. L’intégration des données moléculaires à cette « pyramide » diagnostique assurerait ainsi la complétude du diagnostic carcinologique en évitant une dispersion des sources consécutives à la multiplicité des tests et des intervenants. Ce compte rendu anatomopathologique intégré serait la colonne vertébrale du Dossier Communiquant en Cancérologie et la base de toute étude épidémiologique.
Ainsi, en assurant la qualité et la réalisation des tests moléculaires et en réduisant très fortement les délais de réponse, la spécialité d’anatomie cytologie pathologique peut continuer à démontrer son efficience et son rôle central dans la production de données médicales essentielles au développement d’une médecine personnalisée.
. La récente déclaration de Madrid du conseil des pathologistes européens de l’UEMS (Union Européenne des Spécialités Médicales) est une importante avancée sur le plan européen pour faire avancer la pathologie moléculaire.
. Les termes de « médecine stratifiée » ou de « médecine de précision » sont aujourd’hui préférés, les mots « personnalisé » ou « individualisé » étant exagérés.