Édito

Nous sommes tous parfaitement conscients de la problématique du formol depuis le décret de 2006 applicable au 1er janvier 2007. Le syndicat avait d’ailleurs à l’époque rapidement pris position par un mémo sur le sujet (mémo du 13 juillet 2007 – toujours sur le site du SMPF) qui par ailleurs s’appuyait sur une étude menée conjointement entre le cabinet d’avocat Capstan et le Professeur Viala (professeur de droit privé à la faculté de Montpellier, spécialiste en droit de la santé, fondateur du Centre Européen d’Etude et de Recherche Droit et Santé) (consultation juridique du 9 mars 2009 – toujours sur le site et toujours d’actualité).

Il apparaît, malgré le travail en profondeur réalisé au moment du rapport DGOS, des discussions intenses qui ont eu lieu avec ANSES, que nous n’avons pas à l’heure qu’il est d’autre fixateur disponible pouvant être opposé au fixateur de référence international qu’est le formol. Il s’impose à nous, comme aux autres.

Ce d’autant, que devant l’entrée, désormais d’assez nombreuses structures, dans la démarche d’accréditation ISO – 15189, l’utilisation d’un quelconque fixateur autre que le formol, notamment pour l’immunohistochimie, entraînerait une validation des méthodes ardue.
Pour rappel, Le formaldéhyde (appelé également formol) a été classé en 2004 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) dans le groupe 1 des cancérogènes avérés pour l’espèce humaine, sur la base d’études épidémiologiques en milieu de travail portant sur la survenue de cancer du nasopharynx par inhalation. En outre, au niveau européen, une évolution du classement de cancérogène de catégorie 2 à cancérogène de catégorie 1B a été adoptée par le règlement (UE) N°605/2014 de la Commission du 5 juin 2014 modifiant ainsi le règlement CLP aux fins de son adaptation au progrès technique.

Le but de ce papier est d’alerter les pathologistes sur l’attitude de la société EuroMedical, et peut être demain d’autres sociétés, qui utilise ce sujet extrêmement sensible, pour démarcher nos correspondants (notamment dermatologues et blocs opératoires. – ccf diaporama et argumentaire de la société euromedical Instruments) à des visées purement commerciales.

Nous vous laissons juges de l’attitude de cette société et du caractère outrancier ou non de sa communication.
Au cas où vous seriez sollicité par l’un de vos correspondants sur ce sujet, certains éléments peuvent être rappelés. D’une part, selon l’INVS, le formol est une substance omniprésente, produite à l’état naturel.

Si la manipulation des flacons à biopsie traditionnels, pré remplis, est faite en prenant des précautions élémentaires, l’exposition aux vapeurs de formol est extrêmement réduite. Au sein des blocs opératoires la ventilation réduit encore cette exposition.
En tout état de cause le prix auquel ce matériel est vendu (2,5 € HT l’unité, 10X le prix des flacons traditionnels) semble extrêmement élevé. Il n’est dans tous les cas pas soutenable pour les pathologistes, privés comme publics, Car contrairement aux biologistes l’acheminement des prélèvements ne fait pas l’objet d’une cotation en ACP.

On le sait, ce sujet du formol est pris avec un extrême sérieux par les pathologistes, notamment par le syndicat. Il nous paraît extrêmement regrettable   que certains en fassent leur fonds de commerce sur le dos même de ceux qui essaient de prendre le sujet à bras-le-corps.
Si un arrêt n’est pas mis à ces excès, ça n’est pas de l’exposition au formol que nous allons mourir mais du trop fameux « principe de précaution » utilisé à des fins de promotion commerciale.

Dr Frédéric Staroz

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